Radio numérique : la bande FM va-t-elle être supprimée avec le déploiement du DAB+ ?

L’Arcom s’engage à garder la bande FM active malgré le déploiement du DAB, nouveau système de radio numérique. Toutefois, un dirigeant d’une grande station de radio française pointe du doigt l’impossibilité financière de maintenir simultanément ces deux modes de diffusion à long terme.

Depuis 2014, la France s’est lancée dans l’aventure de la radiodiffusion numérique grâce au DAB, acronyme anglais signifiant « Digital Audio Broadcasting ». Ce mode de diffusion moderne se distingue nettement de la transmission FM traditionnelle, cette dernière reposant sur une technologie analogique. Roch-Olivier Maistre, à la tête de l’Arcom, a récemment partagé lors du Paris Radio Show qu’une portion significative des citadins français bénéficieraient de ce service d’ici fin mars, avec une couverture prévue pour plus de 60 % d’entre eux.

fm versus DAB+

Cette évolution vers le numérique n’est pas sans rappeler celle connue par la télévision avec l’introduction et le déploiement réussi de la TNT (Télévision Numérique Terrestre), qui avait marqué la fin de l’ère analogique pour le petit écran. Toutefois, contrairement aux appréhensions soulevées par certains auditeurs fidèles à la FM, le passage au DAB+, qui est le standard du DAB actuellement en cours d’implémentation, ne signifie pas pour autant que nous assisterons à un abandon complet des ondes FM.

L’Arcom, régulateur du secteur, rassure sur son site web : les deux technologies sont parfaitement capables de coexister. Le DAB+ offre ainsi une alternative complémentaire plutôt qu’un remplacement direct à la bande FM. Cette cohabitation permet donc non seulement d’envisager un paysage audiovisuel enrichi mais aussi assure aux amateurs de radio une transition douce vers le numérique sans coupure abrupte avec leurs habitudes existantes.

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Abandonner la bande FM actuellement serait une décision trop hâtive

Abandonner la bande FM actuellement serait une décision hâtive et dommageable pour les stations de radio ainsi que leurs auditeurs, d’après Alain Liberty, responsable chez Europe 1. Cette affirmation repose sur deux constats majeurs. Premièrement, tous les Français n’ont pas encore accès à des appareils capables de recevoir le DAB. Deuxièmement, la couverture du territoire par le DAB est loin d’être complète.

En effet, l’utilisation du DAB en France montre une adoption modeste avec seulement 20 millions de personnes utilisant ce mode de réception, sur un total de 40 millions d’auditeurs mensuels. Cette situation découle partiellement du fait que l’équipement nécessaire n’est pas encore largement répandu parmi les usagers. Par exemple, malgré une directive européenne exigeant l’intégration des puces DAB+ dans les nouveaux véhicules depuis 2021, seulement un tiers des voitures en France sont équipées à ce jour pour recevoir le DAB+. Le renouvellement lent du parc automobile français signifie qu’il faudra plusieurs années avant que la majorité des véhicules soient compatibles.

De plus, la diffusion via le DAB ne couvre pas intégralement le territoire national. Des zones importantes restent sans accès au signal numérique, notamment hors des grandes villes et axes autoroutiers principaux.

Concernant l’avenir de la FM, aucune date n’a été fixée pour sa disparition éventuelle. La priorité demeure à faciliter la transition vers le DAB+, tout en reconnaissant que maintenir une double diffusion (FM et DAB+) représente un coût non négligeable pour les radios. Lors d’un débat récent au Sénat français il a été souligné que financer cette double diffusion reste hors de portée pour bon nombre de stations radiophoniques.

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Ainsi se dessine un paysage où patience et prudence semblent être les maîtres-mots face aux défis technologiques et économiques posés par l’évolution vers une nouvelle ère radiophonique numérique en France.

Nombreux avantages du DAB +

L’autorité régulatrice de l’audiovisuel met en avant plusieurs bénéfices liés à l’adoption du DAB+, une avancée significative dans le monde de la radio. Selon Hervé Godechot, un des membres éminents de cette instance, cette technologie offre une expérience auditive améliorée grâce à une qualité sonore supérieure, sans interférence et facilite la sélection des chaînes par leur nom plutôt que par leur fréquence. Un autre atout majeur est qu’elle double presque le nombre de stations accessibles comparé à la bande FM traditionnelle.

En outre, le DAB+ enrichit l’expérience d’écoute avec plus d’informations sur les programmes en cours : titres des morceaux joués, noms des émissions et leurs animateurs s’affichent directement sur les récepteurs adaptés. Ce système favorise également une écoute fluide et continue lorsqu’on se déplace dans des zones couvertes par le DAB+, promettant ainsi moins de coupures et plus de plaisir auditif.

Pendant que la France explore progressivement ces avantages sans toutefois envisager de se détacher totalement de la bande FM pour le moment, certains pays européens prennent déjà un tournant décisif. La Norvège a franchi le pas en étant le premier pays à abandonner complètement la diffusion FM au profit du DAB+ pour ses radios nationales; cependant elle laisse les stations locales continuer sur la fréquence modulée traditionnelle. De son côté, la Suisse prépare sa transition vers ce modèle numérique avec un objectif clair: arrêter sa diffusion FM fin 2024.

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